Davout Dinosaure 2
Nombre de messages : 14 Age : 45 Localisation (Pays,ville,etc) : Saint-Brieuc Date d'inscription : 08/09/2007
| Sujet: La droite et la gauche française: d'ou cela vient ? Lun 24 Sep 2007 - 11:59 | |
| Dans l'histoire de la Révolution , qui fit notre République (et qu'on tente vainement d’attribuer à Napoléon ce qui est évidemment faux: encore une de ses légendes), il y avait:Les Etat généraux qui étaient divisés en ordres ou en classe. L’Assemblée nationale fut divisée en partis. La division par ordres était artificielle, ou du moins résultait de circonstances historiques que le temps avait profondément modifiées. La division en partis est naturelle, et naîtra toujours de la diversité même des esprits et des situations, qui ne permet pas que tous voient les choses du même point de vue.
Ce fut dans l’Assemblée constituante que les partis commencèrent à se désigner par la place qu’ils occupaient dans la salle des séances. Le côté droit avait été choisi par les privilégiés ; le côté gauche par les députés populaires ; le centre était occupé par les modérés. C’est depuis ce temps que la droite a signifié la réaction ; la gauche la révolution ; et le centre, le juste milieu.
La droite s’était formée naturellement des deux ordres privilégiés, noblesse et clergé, moins quelques députés de ces deux ordres, attachés aux idées nouvelles. Elle avait pour orateurs deux hommes d’un talent brillant et facile : l’abbé Maury et Cazalès ; Maury académicien et rhéteur plutôt qu’orateur politique ; Cazalès, au contraire d’une éloquence vive, naturelle, spontanée, sachant trouver les meilleures raisons possibles pour une cause impopulaire.
Entre la droite et la gauche se plaçait le parti Necker, composé de ceux qu’on appelait monarchiens. Leur idéal était la constitution anglaise. Tout en faisant la part aux idées de la Révolution, ils eussent voulu un pouvoir royal fort et respecté, une chambre haute réservée aux anciens ordres privilégiés, et une chambre populaire élective. Ce parti s’inspirait des idées de Montesquieu, et croyait pouvoir, par cette combinaison, réconcilier les trois grands éléments de la société d’alors, la royauté, l’aristocratie et le peuple.
A la tête de ce parti étaient deux hommes, parfaitement unis de sentiments et d’opinions, Malouet et Mounier, esprits sages, pondérés, ennemis des excès en toutes choses, mais demandant à la Révolution et à la Royauté des transactions qui n’étaient alors dans le tempérament ni de l’une ni de l’autre. Se rattachaient au même parti Clermont-Tonnerre, Lally-Tollendal, et enfin le ministre Necker dont la fille, Mme de Staël, défendit plus tard avec passion les idées politiques du parti dans son livre des Considérations sur la Révolution française.
Le parti national ou populaire se composait de l’immense majorité de l’Assemblée. C’est lui qui en avait décidé les premiers actes : c’est lui qui avait voté la Déclaration des droits ; ce fut lui qui fit la constitution. Imbu, sans le savoir, des principes républicains, il s’inspirait de Rousseau plus de Montesquieu. Les deux chefs les plus puissants de ce parti, et on peut le dire, de l’Assemblée, furent Sieyès et Mirabeau, celui-ci plus royaliste, celui-là plus démocrate. Le maire de Paris, Bailly, le commandant des gardes nationales, La Fayette, se rattachaient à ce grand parti.
La gauche de l’Assemblée constituante eut son extrême gauche. Sans être républicain, ce parti poussai le droit populaire aussi loin qu’il était possible sans sortir de la monarchie ; ses chefs étaient au nombre de trois ; on les appelait le Triumvirat : c’étaient Duport, Lameth et Barnave. Ce dernier, avocat célèbre, fut, après Mirabeau, le plus éloquent orateur de l’Assemblée, et même lutta quelquefois contre lui avec succès « Particulièrement dans la question du droit de faire la paix et la guerre, droit que Mirabeau voulait laisser au pouvoir royal, et que Barnave réclamait pour le pouvoir législatif. ».
Aux dernières limites de l’extrême gauche siégeait encore un député, obscur alors et sans influence, appelé depuis à une célébrité immense, Maximilien Robespierre , chef de file de la Révolutions Française, que l'histoire s'efforce à détruire, à coups de mensonges et de préjugés infâmes alors que lui était un vrai révolutionnaire qui portait haut les idées de celle-ci: Sur le fond, Robespierre se prononce contre le suffrage censitaire, pour une totale liberté de la presse, pour une balance au pouvoir absolu du roi et le droit de contrôler les élus, contre la politique coloniale de Barnave, en faveur de l'émancipation des Juifs ou de l'abolition de la peine de mort. Idéologiquement, Robespierre n'est pas défavorable à la propriété mais il est en revanche favorable à un meilleur partage des biens, notamment en faveur des indigents pour une meilleure égalité.
Telle fut l’Assemblée constituante, si riche en hommes remarquables de toute sorte et de toute opinion. Insistons sur les deux plus importants : Sieyès et Mirabeau. | |
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hervé Admin
Nombre de messages : 1532 Age : 48 Localisation (Pays,ville,etc) : France,Nice Date d'inscription : 05/07/2006
| Sujet: Re: La droite et la gauche française: d'ou cela vient ? Mar 25 Sep 2007 - 17:27 | |
| Merci Davout pour toutes ces précisions, comme tu le dis, elles nous permettent de comprendre les fondements des idéologies propres à chaque parti politique. En ce moment les choses changent et les idéologies sont maintenant moins cloisonnées dans des groupements politiques. Des politiques nouvelles naissent et les méthodes employées pour les appliquer sont très novatrices, autant dans la majorité présidentielle que dans l'opposition, même si celle-ci a encore un peu de mal à renouveler ses bases. Je pensais que l'alternance était immuable dans notre pays mais les idées évoluent tellement depuis peu... La nouvelle donne socio-économique nous mène peut-être à des partis politiques moins cloisonnés. C'est peut-être mieux comme ça. | |
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Karmi Admin
Nombre de messages : 10896 Age : 53 Localisation (Pays,ville,etc) : Montérégie (Québec) CANADA Date d'inscription : 05/02/2006
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| Sujet: Re: La droite et la gauche française: d'ou cela vient ? | |
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