Je revois ce chemin de terre
Menant à cette timide rivière
Où virevoltait une libellule irisée
Brisant le calme de l'eau qui dansait
Sous les yeux d'une grenouille égarée.
Là, sur un nénuphar ouvert au soleil,
Petite, menue, couleur de miel,
Je la revois encore, cette fée,
Seule, sur sa feuille, elle pleurait,
Ses larmes coulant dans l’eau azurée.
Je ne sais les raisons de son chagrin
Mais j’aurais voulu lui tendre la main
L'emmener voler par-dessus les champs de blé
Comme volait cette libellule qui déjà disparaît
Dans le ciel et son immensité
Vers moi, elle a tourné les yeux,
De grands, magnifiques yeux bleus,
Quelques instants, suspendus dans l’éternité,
Toujours, je m’en rappellerai,
Un pâle sourire, puis elle s’est remise à pleurer…
A quoi pensait elle
Quand elle couvrait de larmes ses petites ailes
Seule la rivière le sait
Et quelques insectes cachés dans les fourrés
C'est si rare de voir pleurer une fée
Elle s’est levée, lentement, majestueusement,
Pleine de grâce, s’est envolée, portée par le vent.
Sur mon épaule, elle est venue se poser,
Doucement, à mon oreille, elle a murmuré
Ces paroles, que jamais je n’oublierai :
« Je m'en vais à présent
J'ai pleuré ici trop longtemps
Je m'en vais rejoindre le firmament
Je te donne un dernier baiser
Tu sais, c'est magique un baiser de fée. »
Alors, sur la joue, elle m’a embrassée,
Puis, délicatement, elle s’est envolée,
Je l’ai vue disparaître, s’éloigner…
Sur le moment, je n’avais pas très bien réalisé…
Mais maintenant je sais que le baiser d’une fée rend heureux… Pour
l’éternité.