Maréchal d'Empire Louis-Nicolas Davout,
Duc d’Auerstadt et Prince d’Eckmühl.
Le maréchal Davout est le seul à être resté invaincu (du moins sur un champs de bataille) durant toutes sa carrière militaire.
Il est l’un des plus grands chefs militaires de l’histoire de France.
Davout, après des études à l’école militaire de Paris, est en 1788 un sous-lieutenant sérieux et féru de lecture. Ce fils d’une ancienne famille noble et désargentée se rallie aux idées révolutionnaires. En 1792, il commande un bataillon des volontaires de l’Yonne dans l’armée de Belgique. Il participe à la bataille de Neerwinden, le 18 mars 1793.
Quand Dumouriez abandonne l’Armée française, Davout se rend à son quartier général pour l’arrêter. Dumouriez parvient à s’échapper. Davout est envoyé à l’Armée de l’Ouest et nommé général de brigade (juin 1793). Il refuse sa nomination comme général de division, considérant qu’il manque d’expérience pour une telle fonction. Qu’il soit prisonnier de l’ennemi, en inactivité ou en service, Davout reste constant dans ses objectifs de carrière, allant jusqu’à étudier des traités militaires. Il suit une progression exemplaire dans différents corps d’armée, se liant d’amitié avec Desaix. Ce dernier le présente à Bonaparte en 1798. Davout fait partie de l’expédition d’Egypte, chargé d’une brigade de cavalerie de la division Desaix. En 1800, unique général à avoir refusé de signer la capitulation après le départ de Bonaparte, il revient en France en mai 1800. Il est nommé général de division le 3 juillet 1800. Il prend alors le commandement de la cavalerie de l’Armée d’Italie, sous la direction du général Brune. En 1801, son mariage avec la sœur de Leclerc fait de lui un beau-frère de Pauline, sœur de l’Empereur. A l’avènement de l’Empire, en 1804, il est nommé maréchal.
Envoyé à Boulogne, il forme le IIIème corps, la future aile gauche de la Grande armée. Lors de la campagne d’Autriche en 1805, il suit avec précision les ordres de l’Empereur et fait marcher ses troupes pendant 144 kilomètres en 36 heures pour participer à la bataille d’Austerlitz, le 2 décembre 1805. Les récompenses suivent : colonel général de la Garde impériale, grand-officier, grand-aigle de la Légion d’Honneur...
Toujours à la tête du IIIème corps, il bat l’armée prussienne de Brunswick à Auerstadt, le 14 octobre 1806, malgré une infériorité numérique de un contre trois pendant que Napoléon combat à Iéna. Cette victoire décisive, d’abord sous-estimée par l’Empereur, lui vaut l’honneur d’entrer le premier dans Berlin le 27 octobre 1806 et le titre de duc d’Auerstadt en 1808.
A Eylau, avec ses 14.000 hommes, il force à la retraite les armées russes sur le flanc droite. Alors gouverneur du duché de Varsovie, il reprend son service de soldat, peut-être irrité par les soupçons de l’Empereur sur ses aspirations à la couronne polonaise.
A Eckmühl en avril 1809, le corps de Davout se retrouve seul face à l’essentiel de l’armée autri- chienne. Il prend l’initiative de l’attaque et par- vient à la faire reculer. A Wagram le 6 juillet, il dirige une attaque décisive. Le 1er janvier 1810, il est commandant en chef de l’armée d’Allemagne, fonctions qui l’amènent à dénoncer les activités frauduleuses de Bourrienne en poste à Hambourg.
Davout est ensuite nommé gouverneur des villes hanséatiques et à ce titre, chargé de veiller à la bonne application du blocus continental au nord de l’Europe. Surtout, il doit réorganiser la Grande Armée (600 000 hommes !) avant la campagne de Russie. Davout est persuadé de la folie de cette entreprise mais, pour ce soldat, un ordre est un ordre. Au début de l’année 1812, il quitte Hambourg à la tête du Ier corps de la Grande Armée. Tout au long de la campagne de Russie, son corps se distingue par la tenue et la discipline des hommes. Dans les premières semaines de la campagne, il est envoyé vers le sud pour encercler l’armée russe de Bagration. Malgré ses manœuvres, le mouvement échoue du fait de la lenteur de Jérôme Bonaparte, en charge de l’aile droite de la Grande Armée.
A Borodino, le cheval de Davout est tué sous lui. Il perd un instant connaissance, mais reprend rapidement son commandement. Considéré comme un homme de fer, il pleure la mort de son fidèle général de division, Gudin, tué devant Smolensk. Lors de la retraite, son corps placé en arrière-garde parvient à contenir les assauts ennemis.
Après cette campagne, Davout est envoyé en Allemagne, pour mater les soulèvements de la population. Il n’applique pas les ordres à la lettre, se contentant de réquisitionner l’argent et la main d’oeuvre nécessaire à la défense des places fortes. En mai 1813, il occupe Hambourg. Pendant un an, il défend la ville assiégée, qu’il ne rend que sur ordre exprès de Louis XVIII. Il envoie au nouveau Roi une lettre pour expliquer sa conduite, sans recevoir de réponse. Aussi, quand Napoléon revient de l’île d’Elbe, Davout est le seul maréchal qui n’ait pas prêté serment au Roi. Il est l’un des rares à ne pas avoir connu la défaite sur un champ de bataille. Il se laisse convaincre d’accepter le ministère de la Guerre. En quelques mois, il parvient à reformer une armée. Quand il apprend le désastre, Davout comprend que tout est perdu. Le gouvernement le délègue pour demander à l’Empereur de quitter la capitale.
Le 3 juillet 1815, il signe l’armistice avec les Alliés et quitte Paris en faisant évacuer tous les objets de valeur du musée d’artillerie. Il revient toutefois pour défendre Ney, mis en accusation. Privé de ses traitements, il connaît une période difficile avant de recouvrer finalement ses titres en 1817 et d’être admis à la Chambre des Pairs en 1819. Il sera élu Maire de Savigny-sur-Orge (dans l'actuel département de l'Essonne) de 1822 à 1823. Louis-Nicolas Davout s'éteindra à Paris le 1er juin 1823.[b]